Criées : les enchères diminuent
Les volumes passés sous criée s’amenuisent en 2018. Le prix moyen se réduit mais surtout, la part vendue aux enchères s’affaisse.
Pour la quatrième année consécutive, avec 189 118 tonnes, les volumes vendus et enregistrés sous les criées françaises sont en baisse de 2 %. La valeur des ventes décline, elle, de 4 %. Alors que les volumes débarqués par la pêche française se maintiennent, le hors-criée prend logiquement plus d’importance. Selon les estimations de FranceAgriMer, basées sur les déclarations des acheteurs sur l’ensemble des façades françaises et outre-mer, ce chiffre s’élève à 62 804 tonnes pour 2018. « Cela représente l’équivalent des trois premières criées françaises. C’est un manque à gagner énorme, s’insurge Christophe Hamel, président des responsables de halles à marée. Et cela pose aussi des questions d’hygiène et de traçabilité que seules les criées peuvent garantir. »
Le hors-criée n’inclut pas les produits de la pêche vendus en gré à gré enregistrés, qui eux, bénéficient d’un contrôle des criées mais ne sont pas mis aux enchères. « Les ventes de gré à gré passent de 26 % des volumes en 2014 à 31 % en 2018 », chiffre Jérôme Lafon, délégué de la filière pêche et aquaculture de FranceAgriMer.
Parmi les évolutions marquantes en 2018, il faut noter la chute des débarques d’espèces nobles comme la lotte (- 11 %) ou la langoustine (- 37 %) au niveau national. « Nous nous sommes habitués à pêcher de la langoustine toute l’année, explique Max Palladin, directeur des criées de La Turballe et du Croisic. En 2018, l’espèce est redevenue plus saisonnière. » Même constat en Cornouaille où les débarques ont quasiment chuté de moitié dans certaines criées. Une partie de ces apports a pu être compensée par le thon germon qui réalise une saison exceptionnelle : + 53 % en volumes.
« Cette variation d’apports entre des espèces plus ou moins bien valorisées influe automatiquement sur le prix moyen en première vente, qui retrouve son niveau de 2016 à 3,39 euros/kg », analyse Jérôme Lafon. Les bons débarquements de thon germon à 2,81 euros/kg par exemple ne permettent pas de compenser les pertes sur la langoustine valorisée à 12,60 euros/kg.
« Sinon, le prix moyen de chaque espèce continue d’être orienté à la hausse, à l’exception de ceux du lieu noir, dont l’abondance a conduit à une baisse de 18 %, et de la saint-jacques », précise Jérôme Lafon. En effet, si la fin de saison 2017-2018 de la coquille a été très bonne, le début de saison 2018-2019 l’est beaucoup moins pour les halles à marée. « Non seulement les tonnages ont baissé, mais le prix moyen aux enchères a chuté, notamment avec le mouvement des gilets jaunes », témoigne Marie-Dominique Fouchault, directrice de la criée de Dieppe, qui craint une année 2019 compliquée alors que les acteurs de la surgélation ne soutiennent plus les cours depuis le 31 décembre. Notons que sur l’espèce, le hors-criée domine, comme pour la sardine ou le bulot. « C’est de la concurrence déloyale ! Il faut absolument réduire cette part de ventes hors criée », maintient Christophe Hamel, qui travaille avec d’autres acteurs de la filière pour rendre obligatoire le passage sous criée de certaines espèces.
Guillaume JORIS
[ Les échos des façades ] ◗ Hauts-de-France. La criée de Boulogne se maintient grâce à une très belle valorisation de l’encornet, + 15 % du prix moyen, et des débarques importantes de pélagiques. |