Covid-19 : les filières font leurs comptes
En avril, la députée Sophie Panonacle (LREM – Gironde) lançait, avec la « Team maritime » parlementaire, le Cluster maritime français et en partenariat avec notre confrère le marin, une concertation nationale de l’économie maritime. Intitulée « Day by day : la construction du développement durable de l’économie maritime », elle réunit les représentants des différentes filières (*) et tend à générer des synergies pour répondre aux conséquences de la crise sanitaire.
Pour le secteur de la pêche, de l'aquaculture et des élevages marins, les divers professionnels estiment que « la réouverture des restaurants et des lieux de restauration sera le moteur indispensable au redémarrage » mais que les montants prévus par les dispositifs d’aides (comme la mesure 55 du Feamp) ne suffiront pas à accompagner la relance : « D’autres mesures spécifiques visant notamment à prémunir les acteurs contre le risque d’impayés, à̀ aider les entreprises en haut de bilan ou à faciliter la gestion des stocks de coquillages et d’alevins seront utiles ».
Jean-Pierre Chalus, délégué général de l’Union des ports de France, précise dans le compte rendu de la réunion du 19 mai, que « la baisse d’activité pourrait représenter un recul du chiffre d’affaires moyen de l’ordre de 20 à 30 % par rapport à 2019 dans les ports de pêche. Les coûts d’exploitation augmentent quant à eux de 10 à̀ 15 % et entraînent un effet ciseaux compliqué à̀ traverser ».
Côté conchyliculture, si « les producteurs ont pu continuer à̀ travailler, indique Philippe Le Gal, président du Comité national, la commercialisation a été impactée : on estime les pertes à̀ 70 voire 80 % de marché pour la grande distribution et 100 % pour la restauration ». Et ce, alors que le secteur avait subi le norovirus en début d’année. Un problème de gestion des stocks, qui ont continué à se développer, se pose. Et on évoque une piste originale : substituer les importations, chinoises notamment, de chair de coquillage à destination des industriels de l’agroalimentaire pour revaloriser le produit local.
Frédéric Toulliou, président de l’Union du mareyage français, propose quant à lui de créer un fonds d’une trentaine de millions d’euros pour aider les entreprises en haut de bilan mais aussi, de protéger les entreprises contre les impayés.
Enfin, Michel Berthommier, directeur de Caviar Perlita / Sfam, souligne que « les pisciculteurs ont continué à se rendre au travail, car l’élevage de poisson nécessite une présence et un travail régulier ». Ils ont donc peu bénéficié du chômage partiel et cela a contribué à fragiliser les structures. Il note surtout « l’absence des assureurs dans cette crise » et invite les parlementaires à faire remonter cette problématique. Parmi les leçons à tirer, il retient la sensibilité des Français « à la proximité et à l’origine. Oublier ce qu’ont apporté ces critères serait une erreur. Il pourrait être nécessaire, demain, d’imposer la traçabilité à la grande distribution et à la restauration ».
Dominique GUILLOT
* Du transport maritime, des activités portuaires et de la construction navale ; des industries nautiques, de la plaisance et du yachting ; de la pêche, de l'aquaculture et des élevages marins ; des énergies marines renouvelables et de la transition énergétique ; des ONG environnementales.