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Covid-19 : la filière secouée

Baisse subite de la demande, réduction des échanges et production restreinte : le Covid-19 a fortement impacté la filière mer à l'international.

Les poissons fins comme la baudroie
ont été particulièrement impactés
par la fermeture du marché
de la restauration. (Crédit L.F.)

 

 

 

Volume de vente,
sur les 5 premiers mois de 2020 :
- 34 % de poissons blancs 
+ 4 % de petits pélagiques
- 27 %  de poissons fins
- 23 % de céphalopodes











 

Une baisse de 8 % sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à 2019 et de 15 % sur le seul mois d’avril. Les chiffres indiqués lors du conseil spécialisé de FranceAgriMer du 24 juin sur les volumes d’échanges internationaux de produits de la pêche et de l’aquaculture sont significatifs.

Les cours du thon, listao notamment, se sont affichés à la baisse, même si le marché n’a pas été trop bousculé, profitant d’une offre et d’une demande satisfaisantes. Par contre, celui du saumon de Norvège a, dans un premier temps, début avril, chuté de 20 % avant de connaître une envolée de 42 % en mai. Mais globalement, les volumes des exportations dans cette première partie de l’année ont été semblables à ceux de 2019. L’offre norvégienne de cabillaud, frais et surgelé, a, par contre, pâti de la fermeture des marchés espagnol et italien.

En France, avec la mise à l’arrêt du pays le 17 mars, toutes les espèces débarquées dans les halles à marée ont enregistré de fortes baisses de volume, de l’ordre de 24 %, ainsi que de valeur. Toutes les façades et les catégories d’espèces (céphalopodes, poissons fins et blancs) ont été touchées.
Exception notable, les petits pélagiques notaient un rebond de 4 % en volume, avec néanmoins une chute de 2 % en valeur. Les criées bretonnes (Roscoff, Brest, Le Guilvinec et Saint-Quay) et normandes (Grandcamp, Cherbourg et Granville) sont les plus touchées, tandis que Saint-Malo et Douarnenez s’en sortent avec des recettes en augmentation, respectivement de 5 et 28 %.

Dans le détail, alors que les poissons blancs commençaient l’année avec des prix moyens très soutenus, les mois de mars puis de mai ont vu la tendance s’inverser avec des - 3 puis - 14 %. Les petits pélagiques, particulièrement maquereau, hareng et anchois, ont très bien résisté. Au contraire des poissons fins (baudroie, cardine, sole…), très impactés par la fermeture des marchés de la restauration et de l’export. Le constat est le même pour les céphalopodes, excepté la seiche.

Sur la première partie de l’année 2020, les exportations françaises ont décru de 16 % en valeur et de 19 % en volume avec des chutes particulièrement marquées en mars (- 35 % en volume) et avril (- 24 %). La Suisse et l’Allemagne se sont distinguées comme clients privilégiés.

Enfin, en termes de consommation, les Français ont davantage plébiscité les produits aquatiques frais préemballés, les produits surgelés, les conserves et le surimi aux dépens des produits frais entiers. Globalement, les produits aquatiques frais affichent un recul en volume de 13 % et de 6 % en valeur, avec, par contre, un prix moyen à la hausse de 8 %.

Dominique GUILLOT

 

Sombre bilan de la FAO

Alors que le poisson reste une source essentielle de protéines animales, de micronutriments et d’oméga-3 à travers le monde, les mesures de protection contre la pandémie « ont eu une incidence sur chaque maillon d’approvisionnement, qu’il s’agisse de la production halieutique et aquacole, la transformation, le transport ou encore la vente en gros et au détail », note la FAO dans un additif à son édition 2020 de La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. Le secteur est celui qui génère le plus d’échanges commerciaux dans le monde : 38 % des denrées se retrouvent sur les marchés internationaux. Selon Global Fishing Watch, fin avril 2020, la pêche industrielle s’était contractée de 6,5 % sous le coup des restrictions et fermetures, mais aussi de l’arrêt des activités en amont (carburant, glace, etc.).

En aquaculture, les situations peuvent être contrastées, mais des exploitants ont été incapables de vendre leur récolte et ont été obligés d’entretenir des animaux vivants, générant des surcoûts de production. La main-d’œuvre et l’approvisionnement en intrants ont aussi compliqué la production. Idem dans les secteurs de la transformation.
Dans de nombreux pays, du bateau à l’expédition, les conditions de travail ont été dégradées. Les femmes, qui représentent 50 % de la main-d’œuvre, ont été particulièrement touchées.

Enfin, on peut noter que l'arrêt de certains programmes de recherche et surtout de la surveillance et du suivi de la gestion, ont conduit « à une intensification de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ».

 

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