Les coquillages surnagent
Depuis un an, c’est le grand chamboule-tout entre les circuits de distribution, avec de forts reports sur la GMS au gré des confinements. La diversification aura permis aux professionnels de maintenir leur activité et pour certains de la développer.
Dans ses parcs installés à Isigny-sur-Mer et à Asnelles en Normandie, Christophe Lévêque élève des huîtres destinées aux marchés traditionnels : poissonneries et brasseries. « Nous avons un marché très saisonnier. L’été dernier, dès que les brasseries ont ouvert, ça a bien marché. Quand elles ont fermé, on s’est tournés vers la GMS. » Le report vers la grande distribution a été massif, toutes filières confondues et même au-delà du secteur des produits de la mer. Sans restaurant ni dégustation, il fallait bien trouver un moyen de vendre la production, de faire tourner l’entreprise. Certains ont écoulé leurs stocks en novembre pour les promotions des fêtes de fin d’année, tirant les prix vers le bas. « On n’a pas eu le tarif qu’il nous fallait pour stabiliser nos entreprises, raconte Annie Aubier, vice-présidente du comité régional conchylicole deCharente-Maritime. Mais la GMS nous a quand même fait travailler. » Pour 2021, la donne change : « On n’a pas eu tellement de naissains et la pousse n’est pas très bonne. Les producteurs gardent les petites huîtres pour les laisser grossir et les mettre sur le marché l’an prochain, détaille l’ostréicultrice. Il y a eu moins d’huîtres à mettre sur le marché, elles devraient donc prendre quelques centimes. Ce n’est pas plus mal pour aller vers des prix rémunérateurs. » Même phénomène de yo-yo sur la vente en gros. L’an dernier, « on a perdu 1 euro du kilo », raconte le Normand, Christophe Lévêque.
Et aujourd’hui, les prix remontent : « Sur les huîtres n° 3, on était à 2,30 euros/kg pour la vente en gros et aujourd’hui à 3,50 euros/kg. » Dans les Pays de la Loire aussi, les stocks sont « relativement faibles », relate Tanguy Rocher, vice-président du comité régional conchylicole, ce qui permet d’envisager une remontée des prix. « Ceux qui travaillent sur l’export ont de grosses difficultés, même si depuis janvier, ça repart un peu, en particulier en Italie. »
Un export limité
Au-delà des frontières hexagonales, l’année a été franchement agitée elle aussi sur le terrain de l’export, vers l’Europe et audelà. Certains ont même fait « du dumping sur les prix, à cause des méventes », s’agace Jacques Cocollos, référent export au Comité national de la conchyliculture et ostréiculteur en Charente-Maritime. « Certaines grosses entreprises fonctionnent sur une économie du volume, elles doivent donc faire tant de tonnes pour être rentables. » De quoi déstabiliser le marché chinois où les producteurs ont eu du mal à fixer leurs prix. C’était même l’inverse, « les Chinois vous donnaient un prix et rappelaient 30 minutes plus tard pour vous dire qu’ils avaient trouvé moins cher ailleurs ».
Julie LALLOUËT-GEFFROY
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