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Concentration dans la mytiliculture batave

Deux annonces de concentration dans le secteur de la production de moule aux Pays-Bas modifient le paysage d’un secteur historique et très spécialisé.

Flottille des navires de mytiliculeurs dans le port de Yerseke aux Pays-Bas. (Crédit : L.F.)

 

L’éventail de grandes enseignes colorées qui habille la mythique rue Korringaweg à Yerseke, aux Pays-Bas, va-t-il évoluer ? Occupée par les « big 7 » et leurs centres de traitement des moules directement connectés sur l’Escaut oriental, la célèbre rue dont partent en fanfare chaque mois de juillet les camions chargés vers l’impatient marché belge, a connu coup sur coup deux importantes concentrations d’entreprises.

Premier mariage de la saison, Aquamossel a fusionné avec Triton pour faire émerger un opérateur pesant 60 millions d’euros de chiffre d’affaires et de 18 000 à 20 000 tonnes de production annuelle. La nouvelle société s’appellera Aquamossel-Triton et devrait réunir les outils de production des deux entités. C’est la suite d’une longue histoire déjà entamée avec l’association des familles mytilicoles allemande et néerlandaise, Leuschel et Barbé. Puis avec la création de Van Belzen-Zeelandia, société sœur de Triton-Yerseke, spécialisée dans le traitement de crevettes à Arnemuiden. Aujourd’hui, Triton dispose de ses propres concessions de moules aux Pays-Bas et en Irlande et fournit également de la moule de corde du Danemark, ce qui lui permet d’étaler les ventes dans l’année.

Une capacité de production globale trop élevée pour un marché devenu trop petit, particulièrement avec la crise du coronavirus, serait la motivation principale de ce rapprochement. Cette réponse à la conjoncture, en forme de consolidation, a aussi été choisie par Roem van Yerseke et Koninklijke Prins & Dingemanse, deux entreprises familiales dont l’histoire s’étale là encore sur trois générations. Les anciennes rivales se sont rapprochées afin d’améliorer la compétitivité sur les marchés nationaux et internationaux, en poursuivant des objectifs de diversification, notamment sur la crevette, à côté des productions traditionnelles de moules mais aussi d’huîtres. Le nouvel ensemble, regroupé sous l’enseigne Roem van Yerseke, réalise un chiffre d’affaires d’environ 80 millions d’euros et dispose d’espaces de culture aux Pays-Bas, en Allemagne, en Irlande et Irlande du Nord. Il exploitera les marques Zeeland’s Roem et Prins & Dingemanse, et poursuivra les investissements dans l’écloserie et la nurserie de coquillages.

Dans ce nouveau paysage Aquamossel-Triton demeure le premier acteur en moules fraîches, tandis que Roem et Prins s’affichent plus diversifiés avec des activités dans le surgelé et une gamme de produits à valeur ajoutée de types produits décortiqués ou salade d’algues marines. Les trois autres sociétés historiques sur le secteur (Delta-Mossel, Krijn Verwijs et Qualimer) conservent elles aussi leurs enseignes sur la rue Korringaweg.

Dominique GUILLOT

 

Olivier Camelot, directeur des ventes chez Delta-Mossel

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PDM : Comment s’est déroulé le début de saison à Yerseke ?
Elle est un peu particulière. La vague de mortalité qui a touché l’an dernier les bancs de l’Escaut oriental nous impacte en termes de volume de produit. Et les tempêtes de février ont bien nettoyé les bancs du nord de la Hollande. De plus la pousse est disparate. Or la Belgique, notre premier marché, apprécie les grosses tailles. Par contre le taux de chair est bon. Pour ce qui est du coronavirus, nous avons eu la chance que la pandémie se soit développée dans ce qui est plutôt notre saison creuse, avec un impact très réduit sur le marché belge.

Quel est le paysage actuel dans la mytiliculture ?
Il y a une trentaine d’années, nous étions 18 acteurs sur le marché puis nous sommes rapidement descendu à sept. Jusqu’alors, le paysage était donc plutôt stable. L’idée qu’il y avait peut-être un ou deux acteurs en trop était régulièrement balayée par une bonne année de production. Mais avec les deux fusions, nous ne sommes désormais plus que cinq. Elles étaient prévisibles, mais c’est un signal, après les deux ou trois dernières années difficiles en Hollande dans le négoce et la mytiliculture. Elles ne se sont pas faites de gaîté de cœur. Mais les années à 110 000 tonnes sont loin et la production tourne aujourd’hui plutôt entre 30 000 et 35 000 tonnes. Il y a clairement une surcapacité, au moins à certains moments de l’année.

La concurrence est-elle désormais exacerbée ?
Je ne vois pas comment elle pourrait l’être plus ! Elle a d’ailleurs été mortelle pour certains ! On se retrouve avec des entreprises de taille plus comparable qu’auparavant, avec deux gros acteurs du côté des fusionnés. Mais cela va peut-être assainir le marché. Notre démarche chez Delta-Mossel a été aussi de fusionner, mais en renforçant en permanence notre pôle de mytiliculture.

 

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