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Brexit : le bras de fer continue

Les négociations post-Brexit ont démarré, chacun campant sur des positions bien éloignées concernant la pêche pour l’après-2020.

(Crédit J.L.)

 

60 %
Le 1er février, les bateaux du Cotentin ont été exclus des eaux de Guernesey, où ils réalisent jusqu’à 60 % de leurs captures.

1/3
des ventes de
la criée de Lorient dépendent des prises de la Scapêche en eaux britanniques.

 

Trouver un accord sur la pêche d’ici le 1er juillet ? L’objectif semble dur à tenir, mais il a été clairement rappelé pour les négociations qui ont débuté le 2 mars entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni. L’accord de transition prévoit un statu quo jusqu’au 31 décembre 2020. Avec un couac au démarrage : l’accès des pêcheurs français aux eaux de Guernesey a été suspendu au lendemain du Brexit, le 1er février. Mais la mobilisation politique a permis un retour à l’ordre en quelques jours.

La mobilisation est aussi de mise pour encourager les négociateurs européens, emmenés par Michel Barnier, qui ont reçu leur mandat de négociation. Définir les futures conditions d’accès aux eaux britanniques n’est pas une mince affaire tant les positions de départ font le grand écart. L’UE souhaite un accès réciproque et pérenne aux eaux, avec une répartition stable des quotas. Tandis que Boris Johnson et le ministre britannique des Pêches George Eustice rappellent fermement leur volonté d’agir en État côtier indépendant, comme font la Norvège, l’Islande ou les îles Féroé, en négociant tous les ans les possibilités de pêche, et en fixant leurs propres quotas. Ils l’ont promis à leurs pêcheurs, impatients de reprendre le contrôle de leurs eaux poissonneuses.

Tout aussi fermement, Michel Barnier rappelle que « l’accord de pêche fait partie de manière indissociable de l’accord de commerce ». L’obtention de l’accord de pêche conditionne l’accès des Britanniques à la zone de libre-échange européenne, où le Royaume-Uni exporte 70 à 75 % de ses produits de la mer. Si le compromis sur la pêche n’est pas trouvé d’ici le 1er juillet, pour s’appliquer au 1er janvier 2021, les tractations seront prolongées d’un an, voire deux.

En attendant, les déclarations politiques s’enchaînent. La pêche est « une priorité absolue » dans les négociations, pointe le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Le député Pierre Karleskind, qui a pris la présidence de la commission pêche du Parlement européen le 19 février à la suite du Britannique Chris Davies, multiplie les visites (Boulogne-sur-Mer, Belgique, Pays-Bas, Irlande…) pour prôner l’unité. Jusqu’ici, les neuf pays réunis dans l’Eufa, coalition européenne, font bloc.

Solène LE ROUX

 

[ La Scapêche, l’Écosse et Lorient ]

◗ Les acteurs économiques apportent leur poids aux négociateurs, comme la Scapêche, armement d’Intermarché : 70 % de ses captures s’effectuent dans les eaux britanniques, rappelle son président, Sylvain Pruvost. « Derrière, il y a des activités de transformation et de distribution, des hommes et des femmes, des savoir-faire et du dynamisme économique pour les territoires. » Ses 8 000 tonnes de sabres noirs, lingues, lieux noirs, juliennes, merlus… débarquées en Écosse et rapatriées à Lorient par cargos et camions, pèsent plus d’un tiers des ventes à la criée de Lorient. Qui globalement dépend à 50 % des eaux britanniques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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