Brexit : de l’urgence d’anticiper
Le 29 mars 2019 à 23 heures GMT, le Brexit entrera en vigueur et modifiera le marché des produits de la mer. Les professionnels s’inquiètent.
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« Que ce soient nos achats en criée, nos importations en provenance du Royaume-Uni ou celles qui transitent par lui, environ 30 % de notre sourcing sera impacté par le Brexit, rappelle Aymeric Chrzan, secrétaire du mareyage boulonnais. Nous travaillons un produit hyperfrais, dans des flux extrêmement tendus, ce qui nous rend plus sensibles au moindre retard. La future inspection sanitaire nous pose un problème majeur. Nous réclamons un poste au port de Boulogne. » « Une heure de contrôle sanitaire pourrait retarder d’une journée l’arrivée du poisson sur l’étal », confirme Gaëtan de Lamberterie, directeur de marché marée pour Carrefour. Trois mille de ses salariés, répartis dans 800 magasins, confectionnent chaque matin un étal de produits de la mer frais. 60 % des volumes (50 000 tonnes par an) proviennent des criées françaises, le reste de l’import, mais tout est à l’étal à J + 1. « Pour les chefs de rayon, un retard d’une journée est très pénalisant car les produits ne restent qu’un jour et demi sur l’étal. Par ailleurs, nous craignons un éventuel droit de douane ou une hausse des cours si l’accès à la ressource est plus limité. Or, quand on franchit un certain seuil à l’achat, les volumes à la vente s’effondrent. Et nous sommes déjà proches de ces seuils. » Mélanie Thion, chef de la division des douanes à Boulogne, se veut plus rassurante : « Nous faisons tout pour maintenir la fluidité des échanges et l’activité économique à Boulogne et Calais. Nous travaillons en partenariat avec la direction régionale de l’alimentation en charge des contrôles sanitaires. Nous savons opérer le dédouanement que nous pratiquons déjà avec 150 pays tiers. Le Royaume-Uni n’en sera qu’un de plus. Plus de 90 % des marchandises sont libérées en moins de cinq minutes. Même en cas de Brexit dur, nous n’entraverons pas le commerce. Au total, 700 agents seront recrutés en trois ans, dont un gros tiers dans les Hauts-de-France, et nous allons développer nos bureaux. » Que doivent anticiper les professionnels avant le 30 mars 2019 ? « Tous les aspects réglementaires, répond Jérôme Lafon, délégué filière pêche à FranceAgriMer. Le dédouanement, l’inspection sanitaire (en demandant les certificats de capture et des fournisseurs), le respect des normes… Au niveau des marchés, il faut aussi profiter d’éventuelles opportunités en testant de nouveaux fournisseurs et des routes commerciales plus directes, évitant le Royaume-Uni. » Benoît LOBEZ
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