Bar d’élevage ❘ Bagarre permanente
Production de bar en Méditerranée
Source : estimation Kontali
Très largement dépassée par la Turquie,
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Avec une monnaie dépréciée et une forte inflation, l’économie turque est en souffrance. Ce qui déstabilise en partie le marché du bar d’élevage, vu la position de leader de la Turquie sur cette espèce. L’excédent de production turque pèse sur les cours qui n’ont même pas profité d’une demande estivale généralement importante. Au troisième trimestre 2018, les prix à l’export étaient 20 % en dessous du niveau de 2017 à la même période. Les Turcs ont diversifié leurs exportations en dehors de leurs traditionnels débouchés que sont l’Italie et les Pays-Bas, ainsi que la Russie et les États-Unis, pour attaquer les marchés espagnols et grecs. Entre 2012 et 2017, l’Union européenne a plus que triplé ses importations de bar turc pour atteindre 20 000 tonnes. Rien d’étonnant si l’ensemble du marché européen en subit les contrecoups. À commencer par la France, où le prix du poisson portion a perdu 12 % l’an dernier et jusqu’à 25 % dans les plus grandes tailles, relève Globefish. « La faiblesse de la monnaie turque impacte les cours à l’export. Mais comparé à la dorade, le bar résiste mieux car la demande reste assez forte », remarque Alexandra Giannioti, chargée du marketing chez Nireus. Au détail en France, les cours du bar d’élevage se sont maintenus en moyenne autour de 10 à 11 euros/kg, toutes tailles confondues et hors promotion. Il n’est pas rare, en effet, que le bar portion puisse s’écouler à prix coûtant autour de 5 euros/kg lors d’opérations. En Grèce, le regroupement de Nireus, Selonda et Andromeda sous l’égide de la société de capital-investissement Amerra Capital a reçu un accord sous réserve de Bruxelles. Le premier groupe mondial d’élevage de bar et dorade, avec une production de 70 000 tonnes par an, devra céder obligatoirement des actifs de production et d'expédition à hauteur de 10 000 tonnes ainsi que des écloseries d'une capacité de 50 millions d'alevins. La fusion des trois compagnies grecques devrait favoriser une mise en marché concertée, étape nécessaire pour assagir une offre parfois anarchique. Dans l’immédiat, la concurrence très active incite les entreprises à se diversifier sur les produits surgelés et à valeur ajoutée en mettant en avant une origine ou l’écolabel ASC. Les Turcs, dont le poisson arrive un jour plus tard que celui produit dans l’UE, misent davantage sur la transformation et la congélation. « Leur présence s’est accrue en Russie et outre-Atlantique », observe Alexandra Giannioti. Bruno VAUDOUR
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