Après le Brexit : un immense point d’interrogation
À 51,9 %, les Britanniques se sont prononcés pour le Brexit. Dans l’immédiat, la réaction des marchés financiers est à la hauteur du choc politique et émotionnel. Or, le plongeon de la livre rend les produits de la mer britanniques très compétitifs.
De multiples questions se posent après la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne. À 51,9 %, les Britanniques se sont prononcés pour le Brexit. Non contents d’être les seconds fournisseurs de la France en produits de la mer, avec 88 000 tonnes exportées pour un montant de 500 millions d’euros en 2015, les Britanniques voient bon nombre de flottilles européennes pêcher dans leurs eaux. À commencer par les chalutiers français, qui devront négocier leurs droits d’accès et des échanges aléatoires de quotas. Le Comité national des pêches estime à 50 % la part des apports de la pêche française capturée dans les eaux du Royaume-Uni.
Majoritairement favorables au Brexit, les pêcheurs britanniques entendent bien conserver leurs eaux adjacentes et ne plus partager leur capital halieutique.
En Écosse, de loin en première position des débarquements britanniques, les pêcheurs applaudissent la sortie de l’Union européenne. Les mareyeurs beaucoup moins, car leurs débouchés export sont susceptibles de droits de douane et de contrôles sanitaires imposés aux pays tiers. Cité par Le Monde, Andrew Charles, mareyeur à Peterhead, redoute le renforcement futur des contraintes frontalières sur ses produits. Quid des subventions de l’Union européenne (4,4 millions d’euros) prévues pour agrandir le port et déplacer la criée de Peterhead, la plus importante d’Écosse ?
« Dans un environnement aussi instable, notre maison mère, basée en Écosse n’a pas de plan stratégique, remarque Marc Salmon, responsable de Whitelink Seafoods France. Qui ira pêcher dans les zones écossaises ? Comment seront réaffectés les quotas du Royaume-Uni ? Y aura-t-il des droits de douane ? Personne n’a de réponse, mais le poisson, lui, sera toujours au même endroit et s’il faut sauter trois haies pour importer, on s’adaptera, quitte à dédouaner les camions et prendre un transitaire. De toute façon, les changements induits mettront des années à se mettre en place. »
Dans l’immédiat, la réaction des marchés financiers est à la hauteur du choc politique et émotionnel. Entamé dès les résultats du scrutin, le plongeon de la livre rend à nouveau le poisson britannique très compétitif et les pêcheurs français craignent l’effondrement des prix sous criées. Les fumeurs, eux, devraient normalement acheter moins cher le saumon écossais, sauf si les salmoniculteurs en kilt se réalignent sur les Norvégiens.
B.V.
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