Allolamer.bzh, l’annuaire breton des pages bleues
Allolamer.bzh : cette carte interactive lancée par Breizhmer permet de trouver les points de vente des produits de la mer frais et bretons.
Consommer local : un mot d’ordre à faire passer largement pour aider les filières alimentaires à passer le cap, notamment celle des produits de la mer. Pêcheurs, conchyliculteurs, criées, mareyeurs, poissonniers… tous ont besoin du soutien des acheteurs finaux. Le site Allolamer.bzh œuvre dans ce sens : cet outil simple d’utilisation permet au consommateur, à partir d’une carte de Bretagne, de localiser les revendeurs de produits de la mer près de chez lui, qu’il s’agisse de poissonniers fixes ou ambulants, de pêcheurs ou conchyliculteurs réalisant de la vente directe… Cet annuaire donne leurs coordonnées et mais ne permet pas de prendre commande. En revanche il précise leurs horaires actuels, et s’ils font de la livraison.
Lancé le 22 avril, ce site cumulait au bout de 48 heures une petite soixantaine de lieux de vente inscrits. Ce n’est que le début : tous les revendeurs bretons munis d’un numéro d’agrément sont appelés à s’inscrire en ligne, gratuitement, et y seront visibles en moins de 24 heures. Breizhmer avait déjà l’idée de ce site avant la crise du coronavirus, mais a accéléré sa mise en place pour informer sur les lieux de vente durant le confinement et lutter face à l’effondrement du marché.
Soutenir les producteurs locaux
« Nous avons à cœur d’œuvrer ensemble face aux difficultés actuelles et à venir, avec des projets collectifs, souligneOlivier Le Nézet, président de Breizhmer et du comité des pêches de Bretagne. « C’est un moyen de facilité l’accès à des produits locaux, ainsi par ses achats, le consommateur peut soutenir l’économie bretonne, faire un acte de solidarité », renchéritl’armatriceSoazig Palmer Le Gall, vice-présidente de Breizhmer et présidente de l’organisation de producteurs Les pêcheurs de Bretagne.
C’est aussi soutenir des métiers de passion parfois difficiles, et des entreprises garantissant le respect de bonnes conditions sociales, avec un modèle souvent familial. « Hugo, un de nos trois enfants, s’est associé avec moi et mon épouse, témoigne ainsi Sylvain Cornée, mytiliculteur en baie du mont Saint-Michel et autre vice-président de Breizhmer. Nous travaillons dans un milieu parfois hostile, où sans la passion rien ne serait possible. » On retrouve ce modèle à Brest Marée : « Je suis la 5e génération, et mon fils, qui travaille habituellement avec moi, la 6e », témoigne le mareyeur Jean-René Cadalen, mareyeur à Brest, président de l’association bretonne des acheteurs des produits de la pêche (Abapp) et autre vice-président de Breizhmer. Avec son site de vente en ligne et une boutique au port de Brest ouverts depuis le début du confinement, pour lui, s’inscrire à allolamer.bzh était une évidence. Le lendemain de son inscription, il recevait trois coups de fil grâce à la plateforme.
Si l’aspect social leur tient à cœur, les acteurs de Breizhmer mettent aussi tous en avant la qualité des produits, la traçabilité, la santé… et le goût ! « Actuellement, j’expédie de la langoustine vivante, ou encore du bar de ligne, à des Parisiens, qui témoignent du plaisir que ça leur donne en cette période », raconte Jean-René Cadalen.
Un outil amené à perdurer
La très nette baisse des ventes de produits de la mer a accéléré la mise en place de cet outil. « Cette partie des ventes, au consommateur, est celle qu’on a pu conserver, mais pour ma part, je réalise 10 à 15 % de mon chiffre d’affaires normal », témoigne Jean-René Cadalen. « Ça montre la réactivité de la filière », souligne Soazig Palmer-le Gall. Cet outil créé à l’arrache a pour l’instant coûté « environ 15 000 euros pour la création du site, et de l’huile de coude des équipes », témoigne Isabelle Thomas, secrétaire générale de Breizhmer. Ce service est amené à perdurer après le confinement, « il répond à l’évolution des mentalités », souligne Jean-René Cadalen. « Allolamer s’inscrit dans le monde de demain, répond aux attentes de plus de proximité, de confiance, d’authenticité », renchérit Sylvain Cornée.
D’autres sites nationaux existent, ciblant la vente directe de pêcheurs (via le recensement de l’association Pleine Mer) ou encore celle de conchyliculteurs (enviedemer.fr), mais celui-ci est plus exhaustif, « et chauvin », assume Jean-René Cadalen. Mais l’annuaire des pages bleues trouve son équivalent national : Pavillon France lance une démarche similaire !
Solène LE ROUX