Les 27 fumeurs français alarment la distribution
Produit festif par excellence, le saumon fumé consommé en France est transformé à 75 % dans l’Hexagone. 2 500 personnes travaillent dans la filière. Sauf qu’aujourd’hui la matière première flambe et les 27 fumeurs ne peuvent plus payer l’addition.
Unis sous la bannière de l’ETF, entreprises du traiteur frais, les 27 fumeurs français donnent l’alerte alors que l’heure des négociations commerciales sonne de nouveau et que le pic de production démarre. « Le risque de ruptures d’approvisionnement dans les magasins est bel et bien réel », souligne le communiqué. Certains seraient dans l’incapacité de financer leurs achats de matière première, soit entre 60 et 80 % du coût de production final, sauf à ce que les hausses de cours soient répercutées dans les prix de vente.
Ce n’est pas faute de l’avoir déjà dit. Déjà dans le dossier de juillet/août 2016, « Saumon, matière en survoltage », PdM évoquait le cours de 5,70 €/kg comme un seuil à ne pas franchir si on ne souhaitait pas voir les fumeurs français boire la tasse. Même chez les producteurs de saumon, comme Hallvard Leroy, on s’inquiétait pour les clients fumeurs qui subissent la loi de l’offre et la demande. Chez Guyader on reprochait l’inertie des distributeurs, car déjà on attendait que des hausses de prix soient passées avant les fêtes, elles ne sont passées qu’en mai. Et bien loin des hausses réelles. Entre janvier et août 2016, la hausse des prix de vente en magasins n’a pas dépassé les 1,3 % contre 50 à 60 % pour le saumon entier !
Et ne parlons même pas de l’appétit des Français pour les produits qualitatifs : bio, label rouge… ils sont plébiscités, mais la production n’a pas les moyens de grandir, pas plus que celle de la truite française dont les prix grimpent aussi. Alors sur ces gammes, les fumeurs insistent : « les risques de pénurie s’accentuent ». Espérant peut-être intégrer dans les négociations commerciales l’absence de pénalité en cas de ruptures.
Reste qu’à moins de travailler sur une qualité dégradée dont ne semblent pas vouloir les Français, ils ont besoin, pour ne pas vaciller, d’assurer un minimum de marge.
Céline ASTRUC
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